LES ON DIT
LES « ON DIT »
Ils ont dit, ils t’ont dit et ils m’ont dit
Ils sont tout le monde et personne ne sait qui
C’est un frère de là-bas, c’est un compère d’ici
C’est l’ami qui partage tes soucis et ton lit
C’est celui pour qui tu pries et que tu compatis
Celui qui rit quand tu pleures et qui pleure quant tu ris
Chez moi, la sympathie est aussi une forme d’hypocrisie
Sans rien voir, ils savent tout ce qu’il y a à savoir
Leurs langues grattent et ils vident leur crachoir
Ils t’aident pour tes projets et prient que cela foire
Ils t’ouvrent les portes sur des chemins sans échappatoire
Ils ont des mots pour t’enlever de tes profonds désespoirs
Ils te gavent d’espoir sur des routes qui mènent à l’abattoir
Ce sont des prêtres qui déversent du salpêtre dans l’encensoir.
Vivre, juste vivre sans se mêler des autres : quelle sale ironie
Vivre et s’aimer les uns les autres : quelle sublime facétie
Ici, les problèmes de chacun sont de bonnes plaisanteries
Ici, quand tu es vieille tu deviens Mémé mégère ou harpie
Ici, être riche signifie faire des sacrifices aux effigies
Ici, avoir un coup de chance : c’est adorer les cauris
Ici, être amoureux de sa femme : c’est avoir avalé ses gris-gris
Ici, n’est veuve que celle qui tue son mari
Ici quand un malheur arrive, c’est la pauvre tatie
Chez moi, un jeune qui réussit est forcément un bandit
En Afrique, les « on dit » sont les médias de la vie
De toute façon les rumeurs ne blessent que ceux qui leur donnent du prix.
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